L’ictère du nourrisson et allaitement : comprendre et gérer la jaunisse de bébé

Ictère du nourrisson et allaitement

Votre nourrisson développe dans ses premières heures de vie un teint hâlé voire jaune ? Il est probable qu’il soit touché par l’ictère du nourrisson. Plus souvent appelé jaunisse, c’est une situation fréquente en début de vie. Pourtant, peu de parents sont prêts à y faire face. Dans cet article, nous allons explorer les causes de l’ictère, ses conséquences sur l’allaitement, les solutions médicales existantes et les bonnes pratiques à adopter pour mettre un place votre allaitement dans cette situation.

Cet article est basé sur mes échanges avec Floriane Samson

, infirmière puéricultrice et consultante en lactation IBCLC dans l’épisode 131 de Milkshaker.

Qu’est-ce que l’ictère du nourrisson ?

L’ictère est un processus naturel qui touche environ 60 % des nouveau-nés. Il se manifeste par une coloration jaunâtre de la peau et parfois du blanc des yeux. Cette coloration est due à l’accumulation de bilirubine, un pigment issu de la destruction des globules rouges.

Pendant la grossesse, vous transmettez à votre bébé tous les éléments dont il a besoin pour se développer. L’hémoglobine (globules rouges) en fait partie. Cela permet de fournir l’oxygène nécessaire aux organes du foetus. Lorsque le cordon ombilical est coupé au moment de l’accouchement, le nourrisson commence à produire ses propres globules rouges. Mais il a encore ceux de sa maman, il y en a donc beaucoup dans son petit corps ! Il va donc devoir éliminer les globules rouges maternels. Cette surcharge est tout à fait normale mais cette destruction est un gros travail pour le nourrisson. Cela va produire un déchet : la bilirubine qui passe par le foie et est éliminée par les urines et les selles.

Dans les premiers jours de vie, le foie du nourrisson est encore immature et peut avoir du mal à éliminer cet excédent de bilirubine. On distingue deux types d’ictères :

  • L’ictère physiologique : bénin et transitoire, il ne nécessite pas de traitement particulier.
  • L’ictère pathologique : plus rare, il peut être lié à des pathologies sous-jacentes et nécessite une prise en charge médicale.

Les différents types d’ictères pathologiques

Les ictères pathologiques peuvent avoir diverses origines 

  • L’ictère de jeûne : causé par une insuffisance d’apports alimentaires, il empêche l’élimination efficace de la bilirubine.
  • L’ictère hémolytique : lié à une destruction excessive des globules rouges due à une incompatibilité sanguine entre la mère et l’enfant.
  • L’ictère hépatique : causé par une pathologie du foie comme une infection congénitale ou une anomalie métabolique.
  • L’ictère nucléaire : forme rare et sévère qui peut entraîner des complications neurologiques.

Comment savoir si votre nourrisson a un ictère ?

Au delà de la coloration de peau, l’ictère s’évalue grâce à un bilirubinomètre, un appareil mesurant le taux de bilirubine à travers la peau. Si le taux est élevé, une prise de sang peut être nécessaire pour confirmer le diagnostic et adapter la prise en charge.

Quels sont les traitements disponibles ?

Si l’ictère est pathologique, plusieurs traitements existent.

La photothérapie : Le bébé est placé sous une lumière bleue qui aide à détruire la bilirubine. Attention mettre son bébé en plein soleil ne sert à rien ! Il faut passer par la photothérapie médicale.

L’apport d’albumine par perfusion : L’albumine joue le rôle de transporteur de bilirubine vers le foie pour faciliter son élimination. Ce traitement s’associe à la photothérapie.

L’exsanguino-transfusion : Réservée aux cas extrêmes, elle permet de remplacer le sang du bébé par du sang sain.

Pourquoi certains bébés développent-ils un ictère ?

Plusieurs facteurs peuvent favoriser l’apparition d’un ictère :

  • Une naissance avec des hématomes (suite à une ventouse ou un forceps), augmentant la quantité de globules rouges à éliminer.
  • Un bébé prématuré, dont le foie est encore plus immature.
  • Une incompatibilité de groupe sanguin entre la mère et l’enfant.
  • Un ictère de jeûne, qui survient quand le nourrisson ne reçoit pas assez d’apports alimentaires par exemple lors d’un démarrage d’allaitement compliqué et une lactation qui a du mal à s’établir.
  • Des antécédents familiaux d’ictère prolongé.

Ictère du nourrisson et allaitement

L’ictère touche t-il plus les bébés allaités ?

En effet, on retrouve plus d’ictère chez les bébés allaités au sein. En revanche, il s’agit d’ictères physiologiques, donc bénins ! Ces bébés déclarent généralement la jaunisse vers le cinquième jour. Souvent déjà sortis de la maternité, ils peuvent passer sous les radars ! Et l’ictère peut se manifester pendant plusieurs semaines. Cela est lié au fait que la transition vers le lait mature entraine une absorption plus facile de la bilirubine. Mais cela ne constitue aucun danger pour le nouveau né. Des études se penchent d’ailleurs sur le fait que ce phénomène soit protecteur d’autres pathologies pour le tout petit !

Impact de l’ictère sur l’allaitement

L’ictère peut compliquer le démarrage de l’allaitement pour plusieurs raisons :

  • Les séances de photothérapie qui vous séparent de votre tout petit et peuvent compromettre l’allaitement à la demande. 
  • Fatigue du nourrisson : Un bébé atteint d’ictère a tendance à dormir plus, ce qui peut rendre l’allaitement difficile.
  • Diminution de la succion : Un bébé amorphe aura du mal à téter efficacement.
  • Cercle vicieux : Moins de tétées signifie une élimination plus lente de la bilirubine, prolongeant l’ictère.

Comment gérer l’allaitement en cas d’ictère

  • Allaiter fréquemment pour stimuler la production de lait et aider à l’élimination de la bilirubine. Il est donc important de rester proche de son bébé même pendant les séances thérapeutiques. Des pauses sont tout à fait possible pour téter.
  • Utiliser l’expression manuelle du lait si le nourrisson est trop fatigué pour téter. Vous pouvez aussi utiliser un tire-lait double pompage pour stimuler votre lactation.
  • Privilégier le peau à peau pour maintenir l’éveil et encourager la succion.
  • Éviter les compléments de lait artificiel sauf en cas de recommandation médicale.
  • Si l’hospitalisation se prolonge, n’hésitez pas à sortir un peu de l’hôpital pour vous ressourcer, vous faire plaisir et vous recharger en ocytocine ! Prendre soin de vous c’est prendre soin de votre bébé !

Quelle vigilances pour éviter les ictères de jeûne pendant l’allaitement ?

L’ictère peut être la conséquence d’un démarrage de l’allaitement qui n’est pas optimal. Pour éviter d’entrer dans un cercle vicieux, voici des conseils.

  • Surveiller les selles et les urines
  • Etre accompagnée de son co-parent pour être soutenue
  • Privilégier la tétée d’accueil
  • Favoriser le peau à peau
  • Ne pas s’entêter à vouloir donner le sein si bébé se rendort ou s’énerve. Extraire manuellement le colostrum et le donner à la petite cuillère est une très bonne alternative. Les apports doivent être réguliers.

L’ictère du nourrisson est une étape souvent anodine mais qui peut compliquer le démarrage de l’allaitement. En connaissant la physiologie de l’allaitement et en étant bien accompagnée, il est possible de surmonter cette difficulté sans stress inutile. Garder son bébé près de soi, être attentif à ses signaux et favoriser une alimentation fréquente sont les clés pour une prise en charge optimale de l’ictère.

N’hésitez pas à consulter une consultante en lactation pour un accompagnement personnalisé et rassurant. 

Pour aller plus loin, vous pouvez écouter le témoignage de Cynthia dans l’épisode 130 de Milkshaker !

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