Allergies et Allaitement : Tout Ce Que Vous Devez Savoir

Allergies et allaitement

Vous avez choisi l’allaitement pour nourrir votre bébé mais vous vous posez des questions sur votre propre alimentation ? Vous entendez de plus en plus parler des allergies et des intolérances alimentaires chez les touts petits ? De nombreuses interrogations se posent à vous ! Est-il possible de manger de tout en allaitant ? Comment distinguer une allergie d’une intolérance ? Quels sont les signes à surveiller chez mon bébé ? Je vous propose de faire le tour de la question en tordant le cou aux idées reçues et en vous donnant des éléments factuels pour vous aider à distinguer les réactions de votre petit.

Cet article est basé sur mes échanges avec Véronique Darmangeat, consultante en lactation IBCLC dans l’épisode 105 de Milkshaker.

Prévention des allergies : ai-je le droit de manger de tout en allaitant ? 

L’une des préoccupations majeures des mères allaitantes est de savoir si elles doivent éviter certains aliments pour prévenir des réactions allergiques chez leur bébé. En général, les mères peuvent manger de tout en allaitant. Le lait maternel se forme à partir des nutriments présents dans le sang de la mère, pas directement des aliments qu’elle consomme. Les goûts des aliments peuvent passer dans le lait maternel, mais ils ne causent généralement pas de problèmes chez le bébé. Par exemple, si vous mangez des asperges, vous reconnaîtrez peut-être l’odeur de ce légume dans les rots de votre bébé ! Ce phénomène est inoffensif et ne dérange pas l’enfant. De plus, contrairement à certaines croyances populaires, boire des boissons gazeuses ne rendra pas le lait maternel gazeux, et consommer des aliments acides n’affectera pas l’acidité du lait ! 

Votre bébé connaît vos habitudes alimentaires depuis la grossesse. Il est donc extrêmement rare qu’un nourrisson refuse de téter par dégoût. De plus, en cas de carences alimentaires, le corps compensera pour donner au bébé le maximum d’éléments nutritifs. Ainsi dans les pays où les mères souffrent de malnutrition, l’allaitement maternel reste préféré aux préparations industrielles pour nourrissons.

Les aliments potentiellement allergènes comme les produits laitiers, les arachides, ou les œufs, ne posent aucun problème dans la plupart des cas. En effet, grâce à leur présence, le bébé s’y habitue et se prépare à sa future alimentation. Les réactions allergiques chez les bébés dues aux protéines alimentaires présentes dans le lait maternel sont rares. On ne retire jamais un aliment de manière préventive mais uniquement si un doute survient.

Les mères doivent être attentives mais pas restrictives dans leur alimentation. La seule vigilance est de limiter la consommation de thé et de café.

Différence Entre Allergie et Intolérance Alimentaire

Il est essentiel de différencier ces deux réponses qui engagent différemment le système immunitaire.

Une Allergie Alimentaire est une réaction anormale et excessive du système immunitaire à une substance inoffensive, comme une protéine alimentaire. Il existe plusieurs types et plusieurs stades d’allergie, elle n’est donc pas forcément synonyme de danger imminent ! Il existe des allergies igE médiées dans lesquelles les symptômes apparaissent habituellement dans les minutes qui suivent et peuvent être très impressionnants. Celles qui sont non igE médiée produisent des signes plus retardés qui seront principalement digestifs ou de type agitation.

Une Intolérance Alimentaire est une réaction irritative, souvent causée par l’absence d’enzymes digestives nécessaires pour décomposer certains aliments. Elle n’implique pas le système immunitaire.

Chez un bébé exclusivement allaité, on ne parle pas d’intolérance, car le lait maternel est parfaitement adapté et ne provoque pas de réactions irritatives. Toutefois, des allergies peuvent survenir en réponse à des protéines alimentaires ingérées par la mère et présentes en traces dans le lait maternel.

Comment savoir si mon bébé est allergique ?

Voici les symptômes d’allergies les plus courants chez les bébés. Ces signes sont variés et parfois subtils. 

  • Reflux Gastro-Œsophagien : dans la moitié des cas, il se manifeste en réaction à une allergie.
  • Éruptions Cutanées : Eczéma ou rougeurs atopiques, sécheresses
  • Troubles digestifs : Gaz, ballonnements, douleurs abdominales, présence de glaires ou de sang dans les selles.
  • Défaut de prise de poids
  • Problèmes Respiratoires : Nez bouché, toux, bronchites récurrentes
  • Réactions oculaires : yeux larmoyants, conjonctivite, kératites
  • Gonflements : des mains, des pieds, des lèvres
  • Comportement : Irritabilité, troubles du sommeil, cris
  • Cas extrêmes : choc anaphylactique, oedème de Quincke

Si votre bébé présente un de ces symptômes, cela ne veut pas nécessairement dire qu’il présente une allergie. Il est crucial de noter que d’autres facteurs non allergiques causent ces symptômes. L’ingestion d’air pendant la tétée est un exemple. Nous allons voir comment vous pouvez mener votre enquête !

Que faire en cas de suspicions d’allergies pendant votre allaitement?

Si vous suspectez une allergie chez votre bébé, il est important de procéder à des tests alimentaires répétés pour confirmer la réaction. Aujourd’hui, l’allergie principale à laquelle sont confrontés les nourrissons est l’allergie aux protéines de lait de vache. L’explication se trouve sûrement dans une sur consommation de produits laitiers dans notre société actuelle.

Tester les allergies grâce aux évictions

Pour commencer, supprimez l’aliment suspecté de votre alimentation pendant au moins trois semaines afin de s’assurer que l’organisme de votre bébé a parfaitement éliminer l’intrus !  En cas d’allergie aux protéines de lait de vache, l’éviction doit être large puisqu’elles se trouvent de façon évidente dans beaucoup de produits courants (lait, beurre, yaourt…)mais aussi dans de nombreuses préparations industrielles. Vous deviendrez une pro du décryptage d’étiquettes ! Ensuite vous pouvez faire un test de réintroduction en surveillant les réactions de votre bébé ; celle-ci doit se faire d’un coup pour chasser les doutes.

Si le test n’est pas concluant pour un aliment, il va falloir tester les aliments les uns après les autres ce qui peut être long et contraignant.

Consulter un allergologue

Si votre doute se confirme suite à ses essais et que les symptômes de votre bébé persistent,  une consultation médicale s’impose. En général, un test sanguin sera prescrit ; cependant ce dernier mettra en évidence uniquement les allergies igE médiées. Les allergologues font également des tests cutanés. 

Cela vous permettra d’avoir un diagnostic précis et des conseils personnalisés. 

Les allergies ne sont pas forcément concomitantes entre vous et votre nourrisson : il peut parfaitement ne pas tolérer un aliment qui vous convient bien et inversement. Par contre, si les deux parents sont allergiques à un aliment, le risque de transmission est de 40 à 60 %.

De plus, certains bébés ne sont allergiques qu’à un seul aliment mais les allergies peuvent se combiner. 

Stratégies pour gérer les allergies alimentaires pendant l’allaitement

Si une allergie alimentaire est confirmée, poursuivre l’allaitement est parfaitement possible. 

Quid de la surveillance des étiquettes ?

Si vous allaitez exclusivement votre petit et que les emballages des aliments indiquent “traces de …” Vous pouvez tout de même consommer l’aliment car ces résidus potentiels ne risquent pas de passer dans le lait maternel. Par contre, si votre petit est diversifié, et qu’il consomme directement cet aliment, vous devez tenir compte de ces indications.

Comment compenser les évictions liées aux allergies pendant l’allaitement?

Si l’allergie est confirmée et s’installe, assurez-vous de compenser les nutriments que vous avez évincé de votre régime alimentaire pour protéger votre bébé. La consultation d’ un nutritionniste peut s’avérer nécessaire pour un soutien nutritionnel adapté et personnalisé.

Les allergies de bébé persistent-elles en grandissant ?

Certaines allergies sont transitoires (comme celles aux protéines de lait de vache) et votre allergologue vous conseillera sûrement de tenter des réintroductions à intervalles réguliers. Pour d’autres allergies (comme à certains médicaments), les tests de réintroduction se font en milieu hospitalier afin de se prémunir de tout danger pour l’enfant. 

D’autres allergies durent toute la vie et nécessitent des précautions constantes. Maintenez un suivi régulier avec votre pédiatre ou allergologue pour ajuster les stratégies alimentaires et surveiller l’évolution des symptômes.

L’allaitement reste bénéfique pour les nourrissons, même en présence de préoccupations concernant les allergies. Une alimentation variée et équilibrée chez la mère contribue à la qualité nutritionnelle du lait maternel. Les allergies alimentaires chez les bébés allaités peuvent être gérées avec des ajustements appropriés et le soutien de professionnels de santé. En cas de doute, n’hésitez pas à chercher des conseils auprès de spécialistes pour assurer le bien-être de votre enfant et le vôtre.

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