Boire, fumer, se droguer en allaitant | des réponses claires à vos questions

Catégories Allaitement et vie quotidienne

L’alcool et l’allaitement sont-ils conciliables ? Est-ce grave de fumer pendant l’allaitement ? Quelles sont les conséquences de la drogue sur un bébé allaité ? Ces questions, souvent tabous, de nombreuses femmes qui allaitent ou sont enceintes se les posent. On fait donc le point avec précision sur ce qui est interdit et permis quand on nourrit son enfant au lait maternel.

Cet article est basé sur mes échanges avec Véronique Darmongeat, consultante en lactation IBCLC dans l’épisode 81 de Milkshaker.

Proscrire la prise de drogue pendant l’allaitement

Les drogues dures : cocaïne, Héroïne, et leurs dérivés

Pour ces substances, la réponse est sans appel : tolérance zéro ! La prise de drogues dures par la maman allaitante est extrêmement dangereuse pour son bébé, car elles atteignent son cerveau  et causent des dommages.

En revanche, dans le cas d’un traitement de sevrage, la méthadone est compatible avec l’allaitement. Il est même recommandé à ces femmes d’allaiter, car c’est un facteur de motivation puissant pour poursuivre leur désintoxication.

Le cannabis

Les résultats des études sur les effets néfastes du cannabis sur les bébés allaités sont différents entre les États-Unis et l’Europe. En effet, le dosage de cette drogue en Europe est plus important qu’outre-Atlantique. Par conséquent, chez nous, la consommation de cannabis n’est pas conciliable avec un allaitement. Des traces de cette substance sont retrouvées dans les cheveux du petit pendant plusieurs mois dès la première prise.

Les recherches américaines, qui se basent sur les produits vendus là-bas, sont plus tolérantes.

Le tabac et l’allaitement : compatible avec des précautions

Fumer n’est pas une contre-indication à l’allaitement. Il est même conseillé aux mamans fumeuses d’allaiter leur bébé plutôt que de les nourrir avec des préparations commerciales. En effet, un enfant dont la mère ingère du tabac sera de toute façon exposé au tabagisme passif, même si elle ne fume pas en sa présence. Car elle expire de la nicotine en dehors de ses pauses cigarette. En revanche, le lait maternel a des propriétés de protection et de prévention des pathologies ORL, qui seront bénéfiques pour le petit.

Cependant, attention, la nicotine passe dans le lait maternel et la réduction de la consommation est bien entendu préférable. De plus, cette substance peut avoir un effet inhibiteur sur la lactation et le réflexe d’éjection du lait et donc contrarier l’allaitement. Enfin, les bébés ont tendance à boire en moindre quantité en raison du goût provoqué par le tabac.

Concrètement : 

  • Fumer en allaitant est possible.
  • Limiter sa consommation est évidemment meilleur.
  • Faire une pause cigarette après une tétée expose moins votre petit que si vous y allez juste avant.
  • S’accorder ce moment en extérieur, hors de la présence du nourrisson et avec des vêtements qui ne seront pas en contact avec votre enfant.

Alcool et allaitement : concilier consommation et calculs !

Une différenciation est à faire entre l’absorption d’alcool pendant la grossesse et dans le cadre d’un allaitement. Lorsque vous êtes enceinte, votre bébé est nourri en continu et chaque verre d’alcool lui parvient via le placenta. Or, les effets peuvent être graves en fonction du stade de développement pendant lequel le fœtus reçoit une dose. Pour éviter tout risque, pendant la grossesse, c’est zéro alcool ! 

Une fois le bébé né, si vous allaitez, sachez que l’alcool circule dans le sang et donc dans le lait maternel que vous produisez. Il n’existe pas d’étude qui permet d’écarter les dangers de la présence d’alcool dans le lait maternel. Par précaution, le bébé ne doit pas être exposé via l’allaitement.

Cependant, les échanges entre votre corps et celui de votre enfant ne sont plus permanents. Il faut donc connaître les règles concernant la durée d’évacuation de vos boissons alcoolisées et prendre votre calculette !

Combien de temps l’alcool reste-t-il dans le lait maternel ?

La persistance dépend de la corpulence. Une femme de 90 kg mettra 1 h 54 à éliminer 1 verre d’alcool. Si elle pèse 50 kg, le temps passe à 2 h 36 ! Et chaque verre multiplie cette période.

Pour savoir à quelle heure votre lait sera de nouveau « propre » pour votre bébé, vous devez commencer à calculer la durée à partir du premier verre. Alors, cela paraît simple sur le papier, avec l’esprit clair, mais une fois embué par les effets de l’alcool, vous avez peur de perdre le fil ! Dans ce cas, je vous conseille de faire un alcootest pour déterminer si c’est OK pour la tétée. Certains permettent de contrôler le lait maternel, mais un test classique convient parfaitement. En effet, l’alcool monte et redescend à la même vitesse dans le sang et dans le lait !

Conseils pour concilier vos sorties et prises d’alcool avec votre allaitement

  • Choisissez comment vous testerez à quel moment la reprise des tétées sera possible.
  • Anticipez le stock de lait maternel pour nourrir votre petit pendant cette période.
  • Prévoyez que quelqu’un s’occupe de votre bébé : l’alcool modifie vos comportements et vous serez plus sereine si vous n’avez pas la responsabilité en solo.
  • Tirez votre lait pendant le temps où vous ne pouvez pas le donner et jetez-le, puisque son utilisation est impossible. Attention, tirer son lait ne diminue pas la quantité de substance, cela sert à éviter de vous engorger. Cela peut être plus difficile que d’habitude, car l’alcool a un impact sur le réflexe d’éjection du lait.
  • Ne culpabilisez pas de vous offrir une parenthèse ! Au contraire, cela peut vous encourager à poursuivre votre allaitement si vous vous sentez moins contrainte socialement.

Les effets et les règles en matière de consommation sont ainsi différents en fonction des substances. Nourrir son bébé au lait maternel nécessite donc d’être avertie sur les conséquences de notre mode de vie sur l’enfant. Il est important de retenir que la drogue est à proscrire absolument et que l’alcool et le tabac sont à consommer avec mesure et aménagements.

Cet article vous donne des informations générales qui ne se substituent pas à la consultation d’un professionnel de santé si vous avez des questions plus précises ou personnelles.

Je vous souhaite de très belles fêtes et continuez à Milkshaker sans modération !