Impact de l’hyperthyroïdie et hypothyroïdie sur l’allaitement

Catégories Les pathologies de l'allaitement

L’hyperthyroïdie et l’hypothyroïdie ont-elles des retentissements sur l’allaitement ? Ces dysfonctionnements hormonaux sont fréquents et leurs symptômes peuvent se confondre avec un post-partum difficile. Je vais vous expliquer à quoi sert la thyroïde, son impact sur la lactation, et comment prendre en charge des problèmes thyroïdiens pendant l’allaitement.

Cet article est basé sur mes échanges avec Orane Beresford-Wood, consultante en lactation IBCLC, dans l’épisode 62 de Milkshaker.

Le rôle de la thyroïde

Dans le métabolisme de base

La thyroïde est une glande, en forme de papillon, située à la base du cou entre les deux clavicules. Elle est une cheffe d’orchestre qui régule de nombreuses fonctions de l’organisme : cardiaques, artérielles, thermiques, etc. Elle fait le lien entre les organes concernés et le cerveau. Cette communication se fait grâce aux hormones qu’elle produit, la T3 et la T4 qui contrôlent la vitesse des fonctions chimiques du corps (métabolisme de base). La thyroïde est indispensable.

Pendant la grossesse et le post-partum

La grossesse, l’accouchement et le post-partum provoquent d’intenses changements qui vont venir solliciter de manière importante la thyroïde. Des dysfonctionnements peuvent apparaître pendant cette période en raison des variations hormonales. 

Dans la lactation

Au niveau du cerveau, l’hypothalamus et l’hypophyse fabriquent et régulent les hormones thyroïdiennes. Par ce biais, ces dernières participent à la régulation de l’ocytocine (éjection du lait) et de la prolactine (production du lait). Elles ont donc un impact sur la lactation. 

En revanche, peu d’études et de données existent sur les troubles thyroïdiens et l’allaitement. Les informations suivantes sont basées sur l’observation clinique.

Hyperthyroïdie et allaitement

C’est un excès de production d’hormones thyroïdiennes. Cette altération entraîne une accélération de la majorité des fonctions de l’organisme : rythme cardiaque, métabolisme (amaigrissement), système digestif (diarrhée). Le corps tourne en surrégime et cela provoque une fatigue conséquente.

De la même façon, cette dynamique impacte la lactation avec une montée de lait plus rapide. En revanche, si l’hyperthyroïdie est trop importante, elle peut mettre en échec la lactation, car cela inhibe les fonctions mammaires.

Tout dépend de l’intensité du dérèglement. Lorsque l’hyperthyroïdie est traitée et équilibrée, elle ne pose pas de difficultés dans l’allaitement. 

Hypothyroïdie et allaitement

L’incapacité de la glande à produire suffisamment d’hormones retentit sur toutes les grandes fonctions de l’organisme. Ainsi cela engendre un ralentissement général : une importante fatigue, une perte d’appétit, un état dépressif, une intolérance au froid, un dessèchement de la peau, une chute de cheveux, etc. Or, ces symptômes existent aussi en post-partum, ce qui peut provoquer de la confusion dans le diagnostic.

Ce fonctionnement en sous-régime a également un impact sur la lactation. La baisse de production du lait a tendance à précéder les autres signes, ce qui fragilise le repérage du trouble.

Troubles thyroïdiens et allaitement : que faire ?

Si l’hyperthyroïdie ou l’hypothyroïdie sont connues, surveiller régulièrement leur évolution est important. En effet, la grossesse et le post-partum peuvent perturber l’équilibre trouvé grâce au traitement.

Si vous n’avez jamais eu de symptôme et que vous avez des doutes sur votre lactation, consulter un professionnel est essentiel. En premier lieu, une prise de sang permet de contrôler les taux d’hormones. Les dosages sont à faire régulièrement pour suivre l’évolution. Les troubles thyroïdiens devraient faire partie des diagnostics différentiels quand une difficulté de lactation est présente puisqu’elle peut être impactée dans les deux sens.

La priorité est d’équilibrer le tableau hormonal grâce aux médicaments. Le levotyrox est compatible avec l’allaitement. Si votre médecin a des doutes, il peut consulter le site du CRAT ou e-lactancia pour se rassurer. Une surveillance des taux hormonaux du bébé peut s’avérer nécessaire en fonction des doses prescrites.

Ensuite, des solutions existent pour booster la lactation. Pour stimuler le réflexe d’éjection, vous pouvez utiliser un spray nasal d’ocytocine ou faire une compression manuelle pendant la tétée. Pour encourager la production de lait, consommez des galactogènes (oléagineux, fenouil, homéopathie, levure de germe de blé, sureau) en vérifiant la compatibilité avec vos traitements.

Attention à ne pas négliger la surveillance des causes chez votre bébé (troubles de la succion, tensions) qui ont également des conséquences sur la lactation.

L’hyperthyroïdie et l’hypothyroïdie, si elles ne sont pas équilibrées, perturbent l’allaitement. En cas de doute, n’hésitez pas à consulter. Combiner une prise en charge médicale (endocrinologue ou médecin généraliste) et un accompagnement de l’allaitement (consultante en lactation IBCLC) est idéal pour mener son allaitement malgré des dysfonctionnements thyroïdiens.