Douleurs du SPM pendant l’allaitement | Comprendre et Soulager 

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Depuis votre retour de couche, vous traversez des épisodes douloureux pendant les tétées qui entachent votre expérience de l’allaitement. Mais avez-vous fait le lien avec un SPM (syndrome prémenstruel) ? Je vais vous parler des facteurs hormonaux qui expliquent ces phénomènes et comment les apprivoiser.

Cet article est basé sur mes échanges avec Julie Faurillon, sage-femme et consultante en lactation IBCLC dans l’épisode 55 de Milkshaker.

Mécanismes hormonaux en jeu

Le développement des seins

Les oestrogènes, la progestérone et la prolactine sont les principales hormones qui régissent la physiologie féminine.

Le développement des seins commence dès la vie intra-utérine. Les prémices des futures glandes mammaires se mettent en place. Un blocage a lieu à la naissance et la croissance se fait pendant l’enfance sans évolution des glandes mammaires. L’adolescence et les premières règles réactivent le processus. À chaque cycle, une phase de développement et de différenciation prépare la poitrine à un allaitement. Ensuite, une légère involution se produit en fin de période en l’absence de fécondation.

Les seins démarrent leur maturation finale avec la grossesse. La glande mammaire va de nouveau croître et évoluer pour acquérir ses pleines fonctions et nourrir le futur bébé.

Les hormones du cycle menstruel

 Deux hormones sont sur le devant de la scène : l’oestrogène et la progestérone.

  • La première phase du cycle va du premier jour des règles jusqu’à l’ovulation. Pendant cette étape, ce sont les oestrogènes qui agissent et favorisent le développement de récepteurs à la progestérone sur les seins. De plus, elles participent à la fabrication d’un follicule qui deviendra un ovocyte et potentiellement un embryon.
  • Après l’ovulation, la phase lutéale débute. Sous l’influence de la progestérone, l’endomètre (paroi de l’utérus) croît pour permettre la nidation de l’œuf fécondé. Cela entraîne également le développement des seins pour une lactation future.

Pourquoi le SPM provoque-t-il des douleurs pendant l’allaitement ?

Est-ce normal d’avoir des douleurs aux seins pendant le SPM ?

Parmi les symptômes ressentis dans le cadre du syndrome prémenstruel (SPM), les douleurs aux seins touchent 7 femmes sur 10. Cette fréquence s’explique par le processus hormonal en jeu à ce moment. Tous les récepteurs de la progestérone qui se sont développés dans la première partie du cycle vont être dans la seconde phase, saturés de cette hormone produite par les ovaires.

La progestérone a deux effets : 

  • La progression du volume des seins : ce phénomène peut être douloureux.
  • La hausse de la circulation sanguine pour augmenter la croissance des cellules. Cela accentue la sensibilité des mamelons.

Si elles ne sont pas spécifiques à l’allaitement, ces douleurs mammaires et la sensibilité des mamelons en particulier, sont accentuées pour les femmes allaitantes dont les seins sont stimulés plusieurs fois par jour.

Par ailleurs, avoir moins de lait à l’approche des règles est normal, car la progestérone est une hormone antagoniste de la prolactine. Elle inhibe donc la production de lait.

Est-ce une fatalité ?

Les normes n’existent pas : les douleurs peuvent être stables, augmenter ou diminuer. Chaque femme a son propre fonctionnement soumis à des variations en fonction de son taux hormonal, de sa fatigue, de sa tolérance à la douleur.

En revanche, les douleurs du SPM sont souvent exacerbées lors du retour de couche après une grossesse. Or, c’est une période pendant laquelle la femme peut potentiellement poursuivre son allaitement, ce qui peut majorer les douleurs.

SPM et aversion à l’allaitement

Elle se manifeste non seulement par de fortes douleurs, mais également un rejet soudain de l’allaitement. Son expression est à la fois physique et psychologique. Les diagnostics ne sont pas courants, car les femmes n’osent pas en parler. On peut retrouver plusieurs phénomènes isolés ou concomitants.

  • Des douleurs aux mamelons liées au taux de progestérone. La souffrance peut être tellement intense qu’elle déclenche une réaction corporelle incontrôlable de rejet des tétées.
  • Un réflexe d’éjection dysphorique. L’ocytocine provoque le réflexe d’éjection du lait, mais également une chute du taux de dopamine. Ce défaut de l’hormone du bien être peut être responsable d’une sensation de tristesse, de dépression éclair, voire d’idées suicidaires très passagères. Cela est très déstabilisant quand on manque d’informations à ce sujet. 
  • Une aversion avec agitation, grattage, démangeaisons, besoin de repousser son enfant de peur de lui faire mal, pensées négatives, bouffées de chaleur, tachycardie… La baisse du taux de dopamine apporte une explication. Dans certains cas, la cause est psychologique, car l’allaitement peut être un révélateur de traumatismes. 

On parle souvent d’aversion à l’allaitement comme signe d’une nouvelle grossesse, car elle peut survenir dans cette situation. Cependant, étant donné les mécanismes hormonaux en jeu, le SPM peut également la provoquer.

Si l’aversion est temporaire, les mamans peuvent essayer de se divertir au moment des tétées pour ne pas se focaliser sur la douleur ou les ressentis. Lorsque l’aversion persiste, le sevrage peut aussi être une option, à envisager au cas par cas du projet des mères.

Quelles solutions pour diminuer les douleurs du SPM pendant l’allaitement?

Voici quelques pistes pour tenter d’amoindrir ces douleurs de SPM pendant l’allaitement.

  • Avoir une bonne hygiène de vie en ce qui concerne l’alimentation et le sommeil.
  • Identifier ce qui majore les douleurs pour agir dessus.
  • Porter un soutien-gorge adapté peut aider : confortable, doux avec un maintien suffisant.
  • Pendant l’allaitement : vérifier que la position n’augmente pas la douleur, expliquer au bébé vos ressentis, se créer un environnement propice à la détente, écourter les tétées si c’est trop difficile.
  • Utiliser une contraception progestative (compatible avec l’allaitement) peut réguler la quantité d’hormones et donc les douleurs.

De nombreux facteurs interviennent dans l’allaitement et parmi eux, les mécanismes hormonaux ont une place centrale. Ainsi tout changement dans l’équilibre hormonal peut avoir des conséquences et les douleurs du SPM en sont une. Cependant, d’une part, elles ne sont pas une fatalité. Et d’autre part, je pense que comprendre ce qui se passe physiologiquement aide à accepter cette situation transitoire ou à faire un choix en conscience de sevrage.

⏭️Je vous invite à écouter le témoignage de Rachel qui raconte son expérience à ce sujet !