Comment Faire Le Deuil de l’Allaitement ?

Comment faire le deuil de l'allaitement ?

Comment faire le deuil de l’allaitement lors du sevrage de votre enfant ? Qu’il s’agisse d’un sevrage naturel, imposé ou choisi, cela peut générer une série d’émotions complexes. Nous allons explorer en profondeur cette étape, en soulignant les types de sevrage, l’impact hormonal et émotionnel, ainsi que les stratégies pour vivre cette période en douceur.

Cet article est basé sur mes échanges avec Céline Guerrand, infirmière et consultante en lactation IBCLC dans l’épisode 91 de Milkshaker.

Les différents types de sevrage et leurs impacts

Sevrage imposé : un choc pour la mère

Le premier type de sevrage, le plus difficile, est celui qui est imposé par des circonstances médicales. Lorsqu’une mère doit arrêter d’allaiter en raison d’un traitement médical grave comme une chimiothérapie ou une radiothérapie, elle est souvent prise de court par cette décision brutale. Ce type de sevrage ne laisse que peu de place à la préparation psychologique, rendant le processus douloureux tant émotionnellement que physiquement. Il est alors essentiel de ne jamais privilégier l’allaitement au détriment de la santé de la mère. Malgré tout, cet arrêt forcé peut laisser un vide immense pour une mère qui aurait souhaité poursuivre cette relation.

Sevrage sous pression : quand la société influence le choix

Un autre type de sevrage est celui que la mère entreprend sous pression, que celle-ci provienne de son entourage, des exigences familiales ou même des contraintes professionnelles. Une ambivalence émotionnelle marque souvent ce type de sevrage. Cette pression peut s’accentuer dans des contextes où la société valorise des normes rigides autour de l’allaitement (âge limite ou compatibilité avec la vie professionnelle par exemple). La mère se retrouve alors dans un dilemme, prise au piège entre son désir de continuer et les contraintes sociales ou familiales.

Il est important de savoir que des solutions alternatives existent : allaitement mixte, sevrage de nuit, tire allaitement par exemple. De plus, en cas de regrets, il est parfois possible de reprendre l’allaitement plus tard.

Sevrage naturel : une évolution douce mais émotionnelle

Le dernier type de sevrage, et le plus naturel, est celui qui se produit progressivement au fil du temps, lorsque l’enfant grandit et réduit progressivement ses tétées. Ce processus peut sembler moins brutal, mais il n’en reste pas moins émotionnel pour la mère. L’arrêt progressif de l’allaitement coïncide souvent avec d’autres étapes de la vie de l’enfant, comme son entrée en maternelle ou ses premiers pas vers l’autonomie. La mère ressent alors des émotions contradictoires : fierté de voir son enfant grandir, mais aussi nostalgie de cette phase intime qui se termine. Cette ambiguïté est normale et fait partie intégrante du processus de deuil de l’allaitement.

Deuil de l’allaitement : les mécanismes hormonaux 

L’allaitement ne se limite pas à un acte nutritif, il est également étroitement lié à des changements hormonaux. Lorsque la lactation diminue ou s’arrête, les niveaux d’hormones comme l’ocytocine et la prolactine chutent brusquement. Cela peut provoquer un sentiment de vide ou même des symptômes similaires à ceux d’une dépression. L’ampleur de ses sensations peut surprendre. Cependant, elles sont en réalité la conséquence naturelle de la privation de ce “cocktail hormonal quotidien”.

En effet, les hormones ne gouvernent pas uniquement la lactation, mais aussi des sentiments de bien-être, d’attachement et de calme. C’est pourquoi, lors du sevrage, trouver d’autres moyens de stimuler la production de ces hormones est recommandé. Par exemple à travers le contact physique avec l’enfant, les massages, ou des moments de détente comme des bains chauds ou des séances de sophrologie. L’idée est d’apprendre à surfer sur les vagues hormonales.

Se faire accompagner dans le deuil de l’allaitement

Quelle que soit la raison du sevrage, il est primordial pour la mère de ne pas traverser cette étape seule. Le rôle des consultants en lactation est central dans ce processus. Ces professionnels permettent non seulement de gérer les aspects physiologiques du sevrage, comme l’engorgement des seins ou la gestion de la lactation, mais aussi de fournir un soutien émotionnel crucial.

Lorsqu’un sevrage est imposé, il peut être utile de maintenir une petite production lactée en exprimant du lait manuellement ou avec un tire-lait, afin de rendre la transition plus douce. Cela permet à la mère de se sentir encore connectée à son enfant pendant un temps, tout en préparant son corps et son esprit à la fin de cette étape.

Dans les cas où le sevrage est difficile sur le plan émotionnel, faire appel à des psychologues ou à des sophrologues formés aux questions de maternité et d’allaitement est utile. Etre écoutée et accompagnée est fondamental. En effet, la pression sociale et les jugements extérieurs peuvent aggraver le sentiment d’isolement ou de culpabilité.

Comment Surmonter le Deuil de l’Allaitement

Le deuil de l’allaitement ne se résume pas à une simple adaptation physique. C’est aussi une transition émotionnelle qui provoque de l’ambivalence, entre satisfaction de voir son enfant évoluer et tristesse de quitter cette phase de vie si intime. Vivre pleinement ce processus est important, sans minimiser les émotions ressenties, quelle que soit votre situation.

L’un des points clés pour surmonter cette étape est de ne pas chercher à tout maîtriser d’un coup. Il est important de reconnaître que ces sentiments sont normaux, qu’ils soient légers ou intenses. Cela permet de mieux comprendre et accepter que le processus de sevrage est une transition à la fois pour la mère et pour l’enfant, et qu’il est possible de continuer à offrir du maternage sous d’autres formes, même après l’arrêt de l’allaitement.

Le deuil de l’allaitement est une étape complexe qui touche à la fois le corps et la psychologie. Il existe de multiples formes de sevrage, chacune ayant ses propres défis émotionnels et hormonaux. Face à cette transition, il est essentiel de se faire accompagner par des professionnels, d’anticiper autant que possible le processus et de s’entourer de bienveillance. Se rappeler que chaque allaitement est unique, et qu’il n’existe pas une seule manière de le vivre ou de l’arrêter, est la clé pour aborder cette période avec sérénité. En résumé, prenez soin de vous, physiquement et psychologiquement ! 

🎙️Si vous aimez les témoignages, je vous invite à écouter Bénédicte dans l’épisode 92 de Milkshaker !

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