Le don de lait maternel : tout savoir pour contribuer

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Comment faire don de mon lait maternel ? Vous avez entendu parler du besoin de lait maternel des bébés prématurés et vous vous questionnez sur les modalités de don. Je vais vous expliquer l’intérêt d’offrir votre surplus de lait, si vous pouvez le faire, et surtout comment cela se passe.

Cet article est basé sur mes échanges avec Virginie Rigourd, pédiatre et responsable du lactarium d’Île-de-France, dans le hors-série n° 1 de Milkshaker

Pourquoi donner mon lait maternel ?

À l’instar du don de sang, le lait de femmes sauve des vies. En effet, les bébés nés prématurément, en dessous de 32 semaines, ne peuvent recevoir que du lait maternel. Ce dernier n’est pas substituable par des préparations artificielles. Il est ainsi considéré comme un produit de santé dont les bénéfices pour ces touts petits sont reconnus. Les recommandations internationales lui confèrent un rôle majeur dans la diminution des infections et des complications digestives ainsi que dans l’amélioration du développement neurologique. 

De plus, la demande a récemment augmenté en raison de l’harmonisation des textes de loi sur l’utilisation du lait maternel. Cela a entrainé de nouvelles préconisations : étendre l’emploi à tous les nourrissons hospitalisés en néonatalogie pour qu’ils profitent de ce qu’il y a de meilleur.

Ce sont les lactariums qui sont chargés de la collecte de lait et qui le distribuent aux établissements de santé en fonction de leurs besoins. Le rôle de ces centres est de recueillir et de sécuriser le lait, mais aussi de faire la promotion de son don. Le grand public connaît peu cette pratique et il est important d’informer au maximum la population générale afin que les mamans qui allaitent l’envisagent. 

En effet, les lactariums ont pour objectif de fournir aux établissements de santé, la quantité dont ils ont besoin. Certains fonctionnent à flux tendus avec des périodes creuses liées à la saisonnalité (week-end prolongé, vacances d’été) ou à l’actualité (Covid).

Quelles sont les femmes concernées ?

Deux catégories de mères font don de leur lait. Il y a d’une part les femmes dont les bébés sont prématurés et hospitalisés en néonatalogie, qui tirent leur lait et offrent leur surplus aux autres bébés. En effet, les besoins d’un nourrisson né trop tôt sont beaucoup moins importants que ceux d’un bébé à terme. D’autre part, ce sont les mamans qui allaitent leur bébé à domicile, de façon « classique » et souhaitent faire ce geste altruiste, soit parce qu’elles fabriquent beaucoup de lait, soit en surstimulant leur production pour parvenir à faire ce don.

Santé des femmes donneuses

Un entretien préalable vérifie l’éligibilité. Il a pour but d’interroger l’état de santé ainsi que d’éventuels comportements à risques ou ingestion de toxiques. Ensuite, une prise de sang vient confirmer ou non la possibilité de devenir donneuse. En dernier lieu, le lait une fois collecté sera testé sérologiquement et bactériologiquement. Les principaux facteurs d’exclusion sont la transfusion ou les infections de type V.I.H. ou hépatites.

Don de lait et médicaments

Si vous prenez un traitement médicamenteux, vous êtes peut-être éligible. Cela est étudié au cas par cas, mais vous pouvez mettre en œuvre la démarche de don.

Limite d’âge ?

Si vous allaitez un bambin, le don de lait n’est pas exclu ! En effet, même si le liquide que vous produisez est moins calorique, il sera fortifié. De plus, les prématurés sont nourris avec différents laits, ils reçoivent donc les apports nécessaires. Cependant, certains lactariums font une sélection, il faut leur poser la question. 

Quantité produite

Si vous ne tirez pas de grosses quantités de lait, l’offrir reste possible ! Les bébés prématurés ont de petits besoins donc chaque don compte. La seule contrainte est liée au coût de collecte et de sécurisation du lait. Ainsi le minimum est fixé à 1 litre sur trois mois, ce qui est tout à fait raisonnable même si votre lactation n’est pas importante.

Comment faire un don de lait maternel ?

Les étapes pour débuter

  • Contacter le lactarium le plus proche de votre domicile. Vous serez alors rappelée pour un entretien téléphonique afin d’établir si votre don est possible.
  • Faire une prise de sang, dans un laboratoire en ville ou directement au lactarium pour effectuer les sérologies indispensables.
  • Réceptionner tout le matériel nécessaire : tire-lait, étiquettes, kit de stérilisation, biberons. Ce matériel vous sera livré par un collecteur ou envoyé par colis.
  • Commencer à recueillir votre surplus de lait et le congeler en attendant que l’agent du lactarium vienne le récupérer. La fréquence de passage de ce dernier dépend de votre situation (lieu d’habitation, quantité produite), car les déplacements doivent être rationalisés.

Les mesures d’hygiène à respecter

Le lait est sensible aux germes de l’environnement. Afin de limiter les risques bactériologiques, certaines règles sont à mettre en place. 

  • Avant le tirage : vous devez donc nettoyer vos mains et vos seins à l’eau savonneuse et les essuyer avec un essuie-tout jetable.
  • Après : il faut laver les téterelles du tire-lait à l’eau savonneuse et les stériliser à l’aide de pastilles de décontamination à froid, très simples d’utilisation.

L’application de ces mesures basiques permet de réduire considérablement les risques de contamination.

Que devient mon lait ?

Une fois collecté, le lait arrive au lactarium congelé, il est tracé et mis en quarantaine le temps d’avoir les résultats des sérologies. Il est ensuite décongelé et réparti dans de petits biberons de 100 ml, qui seront pasteurisés, congelés et distribués aux établissements. Des analyses bactériologiques sont réalisées avant et après la stérilisation pour vérifier que les germes soient en dessous des seuils acceptables.

En moyenne, une femme donneuse offrira 10 litres, soit la quantité nécessaire pour qu’un bébé très prématuré, atteignent le poids de 1800 grammes lui permettant de passer aux préparations artificielles s’il n’y a pas de lait maternel disponible. 

J’espère que vous êtes maintenant convaincu de la puissance du don de lait maternel et de l’importance d’en parler. En effet, même les personnes qui ne peuvent pas donner peuvent jouer un rôle pour que l’information circule massivement et régulièrement afin que la population générale ait connaissance de cet enjeu de santé publique. N’hésitez pas à partager cet article ou l’épisode de podcast. Je compte sur vous !

⏭ A écouter aussi : l’épisode 20 du podcast dans lequel Julie évoque son don de lait (à 35’50)