Allaitement maternel : 11 idées reçues décryptées

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Les questions autour de l’allaitement sont fréquentes et peuvent devenir déconcertantes et décourageantes. Certaines croyances sont très ancrées et se transmettent en famille ou entre copines sans vraiment savoir si elles sont justifiées. Mon crédo avec Milkshaker c’est que l’information joue un rôle primordial dans la réussite de cette période importante. Ainsi vous découvrirez dans cet article des réponses simples, claires et justifiées à 11 idées reçues véhiculées sur l’allaitement maternel

Ce texte est basé sur les explications d’Emilie Chevalier consultante en lactation IBCLC dans l’épisode 4 du podcast.

1. Les mamans allaitantes ne peuvent pas tout manger

Le lait est fabriqué à partir du sang et non de l’estomac. Ce sont donc les protéines digérées que l’on retrouve. Ainsi les fibres contenues dans les légumes ingérés par la mère ne peuvent pas provoquer de coliques au bébé par exemple. De la même façon, les aliments qui provoquent des gaz, car ils fermentent dans l’estomac (comme le chou) ne fermentent pas dans le sang donc n’ont pas les mêmes incidences chez le bébé. Par ailleurs, ce dernier est déjà sensibilisé pendant la grossesse aux goûts de sa maman via le liquide amniotique. Seule la caféine est à consommer en quantité raisonnable en raison des effets excitants.

Cette croyance est donc fausse sauf en cas d’allergie alimentaire diagnostiquée. Ces dernières se manifestent souvent par un reflux, des coliques ou de l’eczéma. Dans le cas d’une allergie, la maman pourra effectivement évincer l’allergène de ses habitudes pour poursuivre l’allaitement sereinement.

Pour résumer, il est important de se faire plaisir dans le cadre de repas variés et équilibrés.

2. Le lait maternel n’est pas toujours assez nourrissant

L’allaitement est recommandé par l’OMS (Organisation mondiale de la santé) dans les pays touchés par la famine. En effet, même une femme dénutrie a un lait assez nourrissant pour son bébé.

C’est donc totalement faux.

Si on souhaite enrichir la qualité nutritive de son lait pour qu’il soit plus que parfait, on peut manger plus d’acides gras essentiels (oméga 3 et 6) par la consommation de poissons gras, de fruits à coque comme les amandes.

3. Il faut boire beaucoup d’eau

Le lait est fabriqué à partir du sang. L’eau faisant partie de la composition du sang, en cas de déshydratation, la quantité de lait peut diminuer. En dehors de ce cas particulier, en buvant beaucoup d’eau, la seule conséquence sera d’uriner plus souvent ! La sensation de soif que l’on peut ressentir au début des tétées est liée aux pics d’ocytocine. Mon conseil : avoir une gourde ou un verre d’eau à portée de main quand vous vous installez pour allaiter 😉

Pour produire du lait, ce qui compte principalement c’est le drainage des seins, c’est-à-dire de faire téter son bébé pour qu’il les vide.

Cette croyance est donc fausse : lorsqu’on allaite, il faut boire à sa soif, ni plus ni moins.

4. Certaines femmes n’ont pas assez de lait

L’hypolactation est rare. Ses causes (l’hypoplasie mammaire, des troubles hormonaux ou une réduction mammaire) ne sont que des facteurs de risques, donc l’allaitement peut tout de même être tenté. La production de lait est liée au drainage des seins. Le manque de lait peut donc venir du fait que le bébé ne tète pas assez ou pas correctement. Souvent, ce manque de mise au sein est consécutif à de mauvais conseils reçus : « il faut espacer les tétées », « tu l’habitues mal », « tu n’es pas une tétine », « la tétée doit durer x minutes »…Le meilleur conseil est de faire confiance à son bébé et le mettre au sein quand il le réclame. En effet, ce dernier est le meilleur indicateur. Au moment des pics de croissance par exemple, il va demander plus souvent pour stimuler une production de lait adaptée à ses besoins. La durée des tétées est variable selon les bébés, selon le stade de l’allaitement et selon le moment de la journée, donc oubliez l’horloge !

En résumé, plus on vide les seins, plus ils se remplissent ! 

En revanche, un problème au niveau de la succion du bébé peut provoquer un manque de lait. Parfois, cette complication s’identifie par des crevasses ou une faible prise de poids, mais il peut n’y avoir aucun signe au début de l’allaitement. Cela s’explique par le fait que dans les premières semaines, ce sont les hormones qui stimulent la fabrication de lait. La production autocrine (provoquée par la succion du bébé) prend le relais après environ trois mois et c’est à ce moment-là que la difficulté apparaît. 

5. Allaiter est douloureux

Une sensibilité peut exister en début de tétées les premiers jours, mais après cette sensation doit disparaître. L’allaitement ne doit pas faire mal. Une douleur doit évoquer un souci qui peut être lié à la position ou une difficulté de succion du bébé par exemple. Les bouts de sein servent à soulager, mais pas à traiter la cause du problème, donc cela ne doit pas être une solution pérenne. En effet, cela peut entraîner une baisse de lactation, car la stimulation n’est pas aussi efficace.

6. Allaiter est fatigant

L’allaitement est souvent pointé du doigt comme la cause de l’épuisement maternel. Ce qui est éprouvant c’est le bébé et ses besoins que l’on doit combler. Afin de minimiser la fatigue, il est conseillé d’avoir une proximité avec son enfant pour se synchroniser et repérer rapidement les signes d’éveil. On se rendort plus facilement et profondément après une tétée grâce à la production d’hormones apaisantes (prolactine et ocytocine). Une heure de sommeil d’une mère allaitante serait équivalente à deux heures pour une autre femme ! Techniquement, nourrir au sein la nuit est donc moins contraignant que la préparation de biberons.

L’allaitement en soi ne fatigue donc pas la maman.

7. On ne peut pas allaiter quand on est malade

Il s’agit d’une idée reçue ! Ce sont les contacts et non le lait qui contaminent le bébé. Il est même recommandé d’allaiter, pour transmettre les anticorps produits par la maman contre la maladie en question. 

Concernant les traitements, il est important de savoir que beaucoup de médicaments sont conciliables avec l’allaitement. Le CRAT (Centre de référence des agents tératogènes) et le site e-lactancia.org sont des ressources très fiables pour se renseigner sur la compatibilité ou les alternatives. Vous pouvez également trouver des informations auprès des lactariums.

8. Une femme qui a une petite poitrine ne pourra pas allaiter

Cette affirmation est fausse ! La taille des seins dépend du tissu graisseux. Or, ce n’est pas la graisse qui produit le lait. Chaque femme a une glande mammaire qui possède entre 4 et 18 lobes qui ont un diamètre qui varie. Ces lobes servent de stockage de lait et se remplissent à une vitesse différente selon les moments de la journée. Chaque femme a des provisions qui lui sont propres : le bébé tètera plus ou moins souvent, mais l’allaitement sera totalement possible. De plus, quand les réserves sont vides, le lait est produit en temps réel ! 

9. Il faut donner de l’eau à un bébé allaité quand il fait chaud

Le lait maternel est composé à 87 % d’eau ; il est donc parfait pour satisfaire les besoins hydriques du bébé. Il n’est ainsi pas nécessaire de donner de l’eau à un bébé exclusivement allaité qui n’a pas commencé la diversification. En cas de chaleur, il va simplement réclamer plus souvent des tétées pour s’hydrater.

10. Le papa est exclu de l’allaitement maternel

L’allaitement n’est pas qu’une histoire de femme : c’est une danse à trois entre la maman, le bébé et le papa. La réussite de l’allaitement dépend également de l’aide, du soutien et de la protection que le père apporte. Concrètement, il peut faire du portage, du peau à peau, laver, changer, prendre part à toutes les tâches quotidiennes afin de permettre à la maman d’être disponible pour les tétées. Frédéric, Samuel et Cédric le racontent au micro de Milkshaker.

11. La reprise du travail signe la fin de l’allaitement

Si vous souhaitez poursuivre l’allaitement en reprenant le travail, c’est possible, mais cela nécessite de connaître ses droits et de se préparer. La loi vous permet de disposer d’une heure par jour pour tirer votre lait ou allaiter votre bébé. Cependant, cela n’est pas forcément évident en fonction de votre contexte professionnel. Interrogez-vous donc en amont de votre retour : lieu pour tirer votre lait, possibilité de stockage au frais, personnes qui donnent le lait tiré, etc. pour ce faire, vous pouvez faire le point avec une conseillère en lactation ou d’une sage-femme qui vous aidera à vous poser les bonnes questions et à anticiper pour que tout se passe au mieux pour vous et votre nourrisson.

J’espère qu’à la lecture de cet article vous y voyez plus clair dans la jungle des idées reçues sur l’allaitement ! Si vous avez une question plus précise ou un sujet que vous souhaitez approfondir, de nombreux épisodes de Milkshaker sont disponibles sur votre plateforme d’écoute préférée. De plus, pour aborder votre cas particulier, consulter un(e) professionnel (le) de l’allaitement est toujours une bonne idée.

Enfin, n’hésitez pas à commenter cet article en me partageant d’autres affirmations que vous avez entendues sur l’allaitement.