Il est parfois complexe pour une femme de concilier allaitement et sexualité. Elle peut se retrouver prise dans une difficulté à endosser le rôle de maman et d’amante en même temps. De plus, les mécanismes hormonaux de l’allaitement viennent perturber ses anciens repères. Enfin, aborder le sujet de la sexualité est quelquefois délicat. Ainsi je vais tenter de répondre à des questions, pour certaines tabous, qui agitent les mères allaitantes.
Cet article est basé sur mes échanges avec Camille Bataillon, spécialiste en sexo périnatalité, dans l’épisode 43 de Milkshaker.
Je me sens gênée d’inclure mes seins dans ma sexualité : que faire ?
La poitrine de la femme est centrale pendant l’allaitement. Durant cette période, les mamans sont confrontées à une dualité entre la fonction nourricière et la sexualisation de cette partie de leur corps. Ceci, avant même d’envisager de retrouver une vie intime avec leur partenaire. En effet, cette objectification du corps de la femme est un phénomène de société. C’est en normalisant l’allaitement, en le rendant visible dans les espaces privés et publics que les mères pourront traverser cette phase de leur vie avec moins de craintes quant au regard des autres.
Par ailleurs, les seins sont une zone érogène et la question se pose lorsque coexistent allaitement et sexualité, de leur inclusion dans les rapports intimes. Sur cette question, c’est à chaque femme et à chaque couple de choisir, en fonction du vécu et de la sensibilité.
J’ai des éjections de lait pendant les rapports : est-ce normal ?
Il peut arriver que la production d’ocytocine, liée au plaisir, provoque des éjections de lait pendant les relations sexuelles, en particulier en cas d’orgasme. Ce phénomène est physiologique et naturel, et la femme n’a pas à en avoir honte. Porter une brassière peut être une solution si cela vous gêne. Communiquer avec son partenaire et lui expliquer peut lever les inquiétudes de chacun.
Pourquoi ai-je des douleurs vaginales ?
Si vous avez des contractions vaginales pendant le rapport, vous souffrez peut-être de dyspareunie ou de vaginisme. Ces douleurs sont des réactions psychologiques qui passent par le corps. Une apparition après la naissance peut être liée au déroulement de l’accouchement. Cela peut aller de la simple appréhension à un véritable traumatisme. Il est donc essentiel de consulter à la fois sur le plan psychologique, mais aussi d’explorer les tensions corporelles, avec un ostéopathe formé en gynécologie par exemple.
Si vous ressentez des sécheresses vaginales, deux causes peuvent coexister. D’une part, avec l’allaitement, il y a une diminution du taux d’œstrogènes qui peut engendrer un défaut de sécrétion. Utiliser du lubrifiant, seule ou en couple, est une solution simple. D’autre part, le manque de désir inhibe également la lubrification naturelle et dans ce cas il est important de travailler sur cette baisse de libido.
De façon générale, avoir des douleurs ou gênes intimes (fuites urinaires, hémorroïdes) n’est pas normal. Il ne faut pas vivre avec et se faire accompagner pour les traiter.
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L’allaitement est-il un moyen de contraception efficace ?
La méthode mama est un dispositif de contraception, mais les conditions sont strictes :
- Bébé de moins de 6 mois.
- Allaitement exclusif avec des tétées toutes les 4 h en journée et toutes les 6 h la nuit au minimum.
- Aménorrhée (absence de règles et de retour de couche).
De plus, il faut accepter que cette méthode ne soit pas infaillible et que la survenue d’une grossesse soit possible.
Si vous ne souhaitez pas tomber enceinte, il est recommandé de l’associer à une autre technique. La contraception masculine est une option : préservatifs ou contraception thermique par exemple. La décision doit être commune au sein du couple afin d’éviter que la charge mentale contraceptive ne repose que sur la femme.
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L’allaitement est-il une entrave à la sexualité ?
Selon une idée reçue, l’allaitement est un obstacle à la libido.
Lors de l’allaitement, la hausse du taux de prolactine inhibe la production d’androgènes et de testostérone, qui ont un rôle dans le désir sexuel. De plus, il peut exister des sécheresses vaginales par diminution du taux d’œstrogènes. Enfin, le lien et la connexion puissante qui l’unit à son bébé comblent la maman. Ainsi, elle peut ne pas éprouver le besoin d’autres contacts physiques.
Cependant, les études montrent qu’il n’y a qu’une semaine d’écart dans la reprise de la sexualité entre les femmes qui donnent le biberon et celles qui allaitent.
En revanche, dans la période du post-partum, près de la moitié des mères ressentent une diminution ou une perte de désir sexuel dans les 3 mois qui suivent l’accouchement.
Certes, le mécanisme hormonal de l’allaitement peut agir sur une baisse de libido, mais c’est surtout la fatigue, les changements corporels, les modifications de la structure familiale, les nouvelles responsabilités qui touchent les femmes qu’elles allaitent ou non.
Comment retrouver ma libido ?
La physiologie pèse moins que les aspects psychologiques. Une fois, la cause des éventuelles douleurs ou gênes repérées et traitées, il faut mettre en place un nouvel équilibre dans le couple. Les solutions consistent davantage à se réinventer qu’à retrouver le couple « d’avant ». Souvent, malgré l’arrêt de l’allaitement ou du cododo qui étaient pointés comme responsables, la vie intime ne revient pas. En effet, rien n’a été mis en place pour que le couple érotique se poursuive.
Voici quelques conseils pour raviver votre désir sexuel :
- Encourager votre partenaire à s’impliquer dans la charge domestique et mentale.
- Prendre du temps pour vous retrouver en tant que femme.
- Prenez soin de votre corps.
- Communiquer avec votre partenaire.
Pour cela, il faut accepter de demander de l’aide, car la gestion d’un ou plusieurs enfants est très chronophage et trouver des moments pour soi et son couple implique d’avoir des relais. Enfin, gardez en tête qu’il s’agit d’une période de transition, qui nécessite du temps. Ne vous mettez pas de pression sur le délai avant de retrouver une libido satisfaisante.
L’impact de l’allaitement sur la sexualité est donc une imbrication de facteurs psychologiques, physiologiques et hormonaux. Il n’y a pas de normes en matière de sexualité, tout est une question d’équilibre et de communication dans le couple. Cependant, il ne faut pas rester seule avec vos questions ou vos doutes. Consulter un professionnel spécialisé, seule ou en couple, peut être une véritable aide.
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