Hypoplasie mammaire et insuffisance de tissu glandulaire | Que faire face à ces véritables manques de lait ?

comment allaiter avec une hypoplasie mammaire ou une insuffisance de tissu glandulaire

Alors que dans les années 80, de nombreuses femmes s’entendaient dire qu’elles n’avaient pas assez de lait, on part du principe aujourd’hui que ces cas sont extrêmement rares. Mais exceptionnel ne signifie pas impossible ! L’hypoplasie mammaire et l’insuffisance de tissu glandulaire font partie des causes de manque de lait primaires qui perturbent considérablement le projet d’allaitement des femmes touchées. Les diagnostics sont rares et les mamans concernées ne comprennent pas ce qui ne fonctionne pas chez elle… Nous allons évoquer ces pathologies, leurs symptômes, leurs origines et présenter les solutions qui existent.

Cet article est basé sur mes échanges avec Aubrey Richardson, consultante en lactation IBCLC dans l’épisode 61 de Milkshaker.

Signes d’Hypoplasie mammaire et d’insuffisance de tissu glandulaire

L’hypoplasie

Dans le cadre de cette pathologie, l’apparence des seins est touchée en raison d’un manque de développement. Plusieurs stades existent, impactant plus ou moins la production de lait. Voici des indices qui évoquent ce déficit d’évolution : 

  • Un écart important entre les deux seins.
  • Des mamelons qui pointent vers l’extérieur et le bas.
  • Un manque de gras dans la partie inférieure et intérieure des seins.
  • Une asymétrie importante.
  • Une non-modification du volume de la poitrine pendant la grossesse.
  • Une absence de montée de lait.
  • Des seins tubulaires avec des aréoles assez larges.

Ce sont souvent des femmes qui ont fait des augmentations mammaires, ce qui rend le diagnostic d’autant plus difficile.

L’insuffisance de tissu glandulaire

Les seins peuvent avoir une apparence normale, mais manquent de tissu glandulaire. Ainsi, ce sont les cellules graisseuses qui prédominent et la production de lait est défaillante. Cette anomalie est difficile à détecter, car elle ne se voit pas. C’est au moment de la grossesse, lorsque les seins ne gonflent pas, que cela est décelable. De plus, la montée de lait n’a pas ou peu lieu.

Les causes de ces pathologies

L’hypoplasie mammaire fait partie des insuffisances de tissu glandulaire, qui elle-même se situe dans le spectre des manques de lait primaires. Ces altérations de la production ont plusieurs origines : 

  • Un souci survenu pendant le développement embryonnaire de la maman.
  • Un problème à l’adolescence : trouble hormonal ou exposition à des perturbateurs endocriniens, prise de pilule.
  • Une chirurgie ou une infection pendant l’enfance ou l’adolescence.

Parfois, on retrouve plusieurs cas dans une même famille, mais on ne sait pas si c’est lié à l’environnement (perturbateurs endocriniens) ou à une transmission génétique.

D’autres facteurs peuvent entraîner des manques de lait secondaires : maladie de la thyroïde, sopk, dépendance à l’insuline, insuffisance de stimulations orales par le bébé.

L’impact psychologique du manque de lait

Les conséquences sur la santé mentale des mères souffrant de ce déficit sont importantes. La plupart ressentent de la colère et de la frustration en raison du défaut d’information pour comprendre ce qui leur arrive. Elles se sentent désespérées face au peu de solutions à leur disposition. Elles peuvent éprouver de la honte et un sentiment d’échec de ne pas parvenir à nourrir leur enfant. Ces ressentis sont profonds, ils peuvent être le terreau d’une dépression post-partum. La situation peut également s’apparenter à un traumatisme. Les neurosciences montrent que lorsqu’on est incapable d’allaiter, une partie du cerveau primaire croit que le bébé est mort. Le deuil est très complexe et souvent mal compris et pris en charge.

Comment diagnostiquer l’hypoplasie et l’insuffisance de tissu glandulaire ?

Le premier obstacle dans le repérage de ces manques de lait est la difficulté pour les femmes, de parler de leurs doutes quant à la morphologie de leurs seins.

Une fois cette crainte dépassée, s’orienter vers un professionnel formé spécifiquement sur le sujet est une bonne option. Celui-ci fait un examen complet de la situation :

  • État des lieux des antécédents 
  • « Diagnostic d’exclusion », c’est-à-dire qu’il élimine d’autres causes
  • Auscultation des seins
  • Observation des tétées 
  • Bilan des solutions déjà mises en place pour stimuler la lactation
  • Conseils et recommandations : compléments alimentaires, tire-lait plus adapté, thérapie manuelle
  • Suivi régulier pour constater les effets 

Tous les stades de gravité et donc de production de lait sont possibles. Les réponses apportées sont alors spécifiques à chaque femme.

Quelles sont les solutions ?

Pour poursuivre l’allaitement

Dans l’accompagnement des mères souffrant d’hypoplasie mammaire ou de manque de tissu glandulaire, la pédagogie pour expliquer le diagnostic est primordiale. En effet, cela permet aux femmes de comprendre et de prendre une décision éclairée en fonction de leur objectif. Il ne faut pas donner de faux espoirs. En effet, l’allaitement est envisageable selon les cas, mais demande un investissement conséquent.

Continuer les mises au sein est possible, avec des compléments au biberon ou au DAL. On parle de triple alimentation quand s’additionnent : alimentation au sein + complément au biberon ou au DAL + expression au tire-lait après. Ce mode de nutrition est très chronophage et épuisant pour la maman.

Des médicaments peuvent être prescrits pour augmenter la production de lait. En France les doses indiquées sont très légères, mais cela peut permettre de mener à bien l’allaitement.

Pour se faire aider psychologiquement

Plusieurs options existent pour accompagner les femmes qui traversent cette épreuve.

  • Les groupes de soutien : notamment un groupe Facebook dédié
  • Le soutien de l’entourage
  • L’EMDR qui est une thérapie destinée aux victimes de traumatismes
  • La méditation
  • L’acupuncture 

J’espère que cet article vous permet de vous informer sur ces particularités dont on parle peu. En raison du contexte environnemental dans lequel nous vivons, elles ont tendance à se développer. Si cela peut aider certaines d’entre vous à détecter une hypoplasie et à vous préparer en fonction de votre projet, j’aurai rempli ma mission !

⏭️Pour aller plus loin, je vous invite à découvrir le témoignage personnel d’Aubrey dans l’épisode 60 de Milkshaker.

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