Les types de diversification alimentaire : comprendre et débuter sereinement cette étape de la vie votre bébé

Comment choisir les types de diversification alimentaire du bébé

Comment choisir le type de diversification alimentaire de votre bébé ? Quels sont ces différents modes ? Comment s’y prend-on ? Comment se décider pour telle ou telle option en fonction du profil de son enfant ? Je vais tenter d’éclaircir ce sujet de la diversification alimentaire, en étant fidèle aux principes de Milkshaker : pas de pression, pas de dogme, se faire confiance et consulter en cas de doutes 😉

Cet article est basé sur mes échanges avec Marie Ruffier Bourdet, ergothérapeute spécialisée en périnatalité, dans l’épisode 42 de Milkshaker.

La diversification alimentaire

C’est le fait pour un enfant de découvrir des aliments, des textures pour aller progressivement vers une alimentation « de table » avec des morceaux. Petit à petit, il va expérimenter de nouveaux schèmes moteurs, d’autres mouvements de langue pour déglutir des purées et gérer des bouchées en quantité et en qualité. Ainsi, il pourra manier plusieurs compositions différentes.

Quand et comment introduire les aliments

Le lait reste l’alimentation principale jusqu’à 12 mois. La proposition de diversification vient en parallèle.

L’OMS préconise un début de diversification alimentaire vers 6 mois, tandis que les recommandations françaises la situent vers 4 mois. L’important est d’observer son enfant et l’appétence qu’il a pour la nourriture. Certains cherchent dès 4 mois à saisir une cuillère ou regardent les autres manger avec envie. D’autres n’auront pas d’intérêt particulier. Par conséquent, avant 6 mois, l’introduction des aliments est soumise à l’expertise des parents et non aux injections d’un professionnel de santé.

De plus, la diversification est une découverte, l’enfant doit explorer, on ne peut pas lui demander une performance en termes de portion au risque de perdre l’émotion positive du repas. Il augmentera peu à peu ses quantités, à son rythme.

En général, il vaut mieux donner le lait en premier lieu, avant de proposer des aliments. Cependant, certains enfants préfèreront le contraire ou que cela se fasse en deux temps distincts. Encore une fois, il ne faut pas imposer un cadre et un timing rigides.

Il existe plusieurs sortes d’introduction des aliments, les connaitre aide à savoir comment choisir le type de diversification alimentaire.

La diversification « classique » ou progressive 

Elle se déroule en plusieurs étapes : 

  • Entre 4 et 6 mois, on débute par des purées mixées, lisses et fines. 
  • À partir de 6 mois, on épaissit les purées pour leur apporter plus de consistance. 
  • Vers 9 mois, on introduit de gros morceaux.
  • À 12 mois, l’enfant peut commencer à manger des petits morceaux.

La diversification menée par l’enfant : DME

Dès que l’enfant tient assis de façon stable, on lui propose des morceaux pour explorer les aliments. Pour mettre en place la DME, il faut respecter un principe de « taille des aliments » qui correspond aux capacités de préhension du bébé.

  • Tant que le petit a une prise palmaire, il procède par ratissage pour attraper, en s’aidant des rebords de la table. Il faut donc adapter le support sur lequel il mange et les aliments. On propose donc de gros morceaux fondants qu’il pourra saisir à pleine main.
  • Vers 9 mois, lorsqu’il acquiert l’opposition du pouce, sa prise est plus fine et il n’a plus besoin de bordures. Conjointement, les mouvements latéraux de la langue se mettent en place. Ainsi, il peut prendre des plus petits morceaux, mais aussi les gérer en bouche.
  •  À partir de 12 mois, la mastication rotatoire apparaît. Elle permet de broyer des fibres et donc de diversifier les aliments proposés en termes de taille et de texture.

La diversification mixte

Elle consiste à débuter par des purées, en diversification dite « classique » et introduire des morceaux dès que l’enfant en montre l’envie ou se tient assis.

Comment choisir le type de diversification alimentaire en fonction de son bébé ?

Avantages et inconvénients des différentes méthodes

Concernant l’approche « classique », l’avantage est de pouvoir la proposer assez tôt à l’enfant. A contrario, la transition vers les morceaux peut s’avérer trop lente, car les purées sont confortables pour le bébé et ses parents.

Avec la DME, l’enfant va développer sa préhension, sa coordination main/bouche, ses mouvements latéraux, d’écrasement de mâchoire et sa mastication rotatoire. Cela lui permet d’acquérir une mastication mature. En revanche, ce type de diversification est susceptible d’engendrer de la fatigue. En effet, l’enfant mobilise beaucoup d’énergie motrice et cognitive. En conséquence, il peut arrêter son repas alors qu’il n’est pas rassasié. De plus, certains bébés ont des difficultés de préhension et s’énervent de ne pas réussir à attraper les aliments. Dans ce cas, on peut leur porter à la bouche pour qu’ils testent.

Il est important de savoir qu’il existe des ponts entre les diversifications. Les allers-retours entre chacune des méthodes sont possibles soit par choix pratique soit via l’observation de son enfant et de ce qui lui convient le mieux. Il n’y a donc ni choix de type de diversification alimentaire ferme à faire ni injonctions ! 

Quid des bébés avec des besoins spécifiques (RGO, freins restrictifs, prématurés, troubles sensoriels) ?

  • Les nourrissons qui souffrent de reflux gastro-œsophagiens (RGO) ont tendance à apprécier l’introduction précoce des morceaux.
  • Pour les bébés avec freins restrictifs buccaux, les purées sont souvent plus adaptées. En effet, l’anatomie de leur bouche (palais ogival) et le manque de mobilité de la langue sont gênants pour décoller certaines textures.
  • En ce qui concerne les prématurés, ils présentent souvent un retard de développement, qui décale la tenue assise. Ainsi, il sera plus aisé d’opter pour une diversification classique avec des purées. De plus, la discrimination sensorielle peut être perturbée, ce qui peut rendre l’introduction des morceaux plus difficile.
  • Les petits hypersensibles ont un seuil de réaction très bas et peuvent adopter des conduites d’évitement pour ne pas avoir des sensations désagréables. Il faut alors amener la diversification très progressivement.
  • Les enfants hyposensibles ont au contraire un seuil très haut. Ils peuvent se mettre en danger, car leur manque de sensation et donc de réponse motrice adéquate peut entraîner une déglutition trop rapide. Il faut donc être très vigilant sur les textures qui doivent être parfaitement adaptées à ses possibilités.

Quel que soit le profil de votre enfant, qu’il présente des troubles ou non, le principal est de l’observer et de s’adapter. Vous pouvez tenter un type de diversification et en changer si cela ne convient pas. De la même manière, vous pouvez varier selon les moments : mettre en place une diversification classique la semaine chez la nounou et expérimenter la DME le week-end en famille par exemple.

Craintes autour de la diversification

Les réflexes nauséeux

Vous avez peut-être déjà constaté cette réaction de votre bébé, comme s’il s’apprêtait à vomir. Il en existe plusieurs sortes qui n’ont pas les mêmes fonctions et n’apparaissent pas de la même manière.

  • Le nauséeux sensitif est présent à la naissance. Il doit reculer pour pouvoir manger
  • le nauséeux de timing est lié à la coordination de la mastication et de la déglutition. Si on ne mâche pas assez pour obtenir un « bolus homogène », les aliments ne seront pas déglutis. Il a une fonction de protection : si le bébé ne gère pas le morceau, ce dernier ne passe pas et ressort.
  • Le nauséeux émotionnel est associé à de mauvaises expériences, dans le cas d’un RGO ou d’allergies par exemple.
  • Le nauséeux de communication est une façon pour bébé de communiquer la satiété.

Ils peuvent se combiner entre eux. Par exemple, un nauséeux sensoriel très fort peut déclencher une émotion négative et un nauséeux émotionnel par la suite. Si vous observez cela régulièrement, faire appel à un professionnel est important.

L’étouffement

Contrairement au nauséeux de timing, dans le cas d’un étouffement, le morceau est plus bas dans le carrefour aérodigestif qui passe dans la trachée. La toux est une protection. Si elle n’est pas efficace, il peut y avoir une obstruction partielle. Dans cette situation l’enfant respire et ne change pas de couleur ; il faut tout de même l’emmener à l’hôpital. S’il ne respire plus et change de couleur, c’est que l’obstruction est totale : c’est une urgence vitale qui nécessite des manœuvres de premier secours avant l’arrivée des urgentistes.

Il est important de se former aux gestes de premiers secours, mais il faut garder en tête que le bébé a des réflexes pour se protéger.

Les difficultés de développement

Chaque enfant évolue à son rythme. Cependant, si un problème persiste, on peut consulter, en particulier si :

  • l’enfant porte bien les objets à sa bouche, mais ne touche absolument pas les aliments,
  • le bébé ne met rien à sa bouche entre 6 et 12 mois. 

Anxiété liée à l’alimentation

L’alimentation est un enjeu majeur pour les parents. Si l’inquiétude sur ce sujet est importante, un professionnel peut vous accompagner. Les spécialistes peuvent être ergothérapeutes, orthophonistes, psychomotriciens ou même kinésithérapeutes. Ils doivent être formés spécifiquement dans le domaine de l’oralité.

En résumé comment choisir le type de diversification alimentaire :

  • Il n’existe pas d’interdits dans la diversification
  • On peut switcher d’un type à l’autre, il faut être souple
  • La clé est l’observation de son bébé : les parents restent les experts de leur petit
  • Il n’y a pas de différence entre la diversification de bébé allaité ou biberonné
  • Si une difficulté devient trop pesante, on fait appel à un professionnel pour se faire épauler.

⏭️Pour en savoir plus, je vous invite à consulter le site Internet de Marie Ruffier Bourdet qui regorge d’informations et de conseils sur le sujet.

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